Qui veut la peau des abeilles ? | Suivante |
| Cri d'alarme des apiculteurs Les abeilles se seraient-elles faites la malle ? Voilà plusieurs décennies, que les apiculteurs constatent une baisse massive des petites travailleuses domestiques. Les premiers à tirer la sonnette d'alarme sont les apiculteurs américains. Fin 2006 ainsi qu'en hiver 2007, plus de 60% des ruches américaines sont désertées. Le continent nord-américain n'est pas le seul touché, les pays d'Europe ne font pas exception : France, Italie, Allemagne, Espagne, etc. enregistrent la même déperdition. Le mal ne tarde pas aussi à gagner l'Asie. Les scientifiques dépassés par les événements parlent de la "maladie de la disparition" ou CCD (Colony Collapse Disorder). |
Bilan | Surveillance | Insecticides | OGM | Parasite | Ondes | Frelon |
Des causes multiples
Les abeilles sont les seuls animaux d'élevage à ne pas faire l'objet de suivi bien établi par les différents organismes agréés tels que l'OIE (Organisation mondiale de la santé animale) et la FAO (Food and Agriculture Organization).
Face à ce déficit d'informations, il est alors difficile pour les experts de connaître avec exactitude les facteurs à l'origine de cette perte, d'autant plus qu'aucun cadavre d'abeille n'a été trouvé à proximité ou dans les ruches.
Plusieurs agents biologiques comme technologiques sont mis en avant pour expliquer ce phénomène. Mais l'Afssa, l'Agence Française de Sécurité Sanitaire des Aliments, affirme dans son rapport du 15 février 2008 qu'il existe une synergie des facteurs pour expliquer la décimation des abeilles.
La faute incombe-t-elle aux insecticides ? | Suivante |
| Les produits phytosanitaires pointés du doigt En France, les apiculteurs n'ont pas tardé à désigner les coupables : le Gaucho et le Régent TS, des insecticides très toxiques utilisés respectivement dans le traitement des tournesols et des semences de maïs contre les parasites depuis 1994. L'imidalclopride, agent actif du Gaucho, agirait sur le système nerveux des abeilles provoquant des troubles du comportement dont la désorientation. Intoxiquées, les butineuses seraient incapables de retrouver le chemin de leur ruche. La polémique enfle Face à la pression des apiculteurs, une étude est menée par l'Afssa dès 1998 sur quatre régions afin de déterminer l'impact réel du Gaucho sur les populations apicoles. Verdict : aucune corrélation évidente puisque dans des régions non traitées à cet insecticide, les abeilles disparaissent tout autant. Malgré plusieurs études allant dans ce sens, l'utilisation du Gaucho est suspendue en France en 2004. |
Les OGM tueurs d'abeilles ?
Devant une telle hécatombe, les associations d'apiculteurs américaines et européennes ne tardent pas à accuser les OGM comme responsables. Près de 40% des champs de maïs sont génétiquement modifiés aux Etats-Unis contre 0,06% en Allemagne.
Une étude a donc été dirigée par l'université de Jena de 2001 à 2004. Les chercheurs ont étudié les effets de la souche de maïs BT sur les populations d'apidés domestiques. Cette variante contient un gène inséré capable de produire une substance toxique pour les insectes. Après trois années de recherche, aucune preuve scientifique ne vient étayer la toxicité de ce plant de maïs transgénique sur les abeilles.
Attaque de parasites
Tous les produits phytosanitaires n'arrivent pas à venir à bout de Varroa destructor, un acarien venu d'Asie du Sud-Est. Cette espèce sème la panique dans les élevages d'apidés partout dans le monde ; cette contamination s'est produite de continent en continent par l'exportation d'abeilles domestiques asiatiques infectées. Le parasite infeste les larves provoquant une malformation des ailes et il véhicule des virus létaux pour ses hôtes.
Sévices de virus mortel
Découvert par des scientifiques israéliens, le virus IAPV semblerait être responsable en partie de ce CCD. Une étude menée par 10 laboratoires et publiée dans la revue Science en 2007 indiquerait une corrélation entre la disparition des abeilles et la présence de cet élément pathogène dans les colonies. Néanmoins, les scientifiques mettent un bémol à ce résultat : l'action du virus pourrait être fatale suite à un affaiblissement du système immunitaire des abeilles par un autre facteur
Des ondes qui court-circuitent la communication
Le téléphone portable fait aujourd'hui l'objet de toutes les controverses. Accusé par certains scientifiques d'être dangereux pour la santé humaine, il est désigné comme agent néfaste pour les abeilles. Comment ?
Les ondes électromagnétiques viendraient, entre autres, perturber les échanges de messages entre les abeilles d'une même ruche. Résultat : elles perdent toute aptitude à se repérer et à rentrer au bercail. Deux chercheurs allemands de l'université de Landau dont le Dr. Jochen Hukn considèrent la pollution magnétique comme une cause éventuelle du syndrome CCD.
Le Dr. Georges Carlo confirme cette hypothèse après avoir dirigé une étude sur ce sujet pour le gouvernement américain.
Le guillotineur des abeilles
Baptisé "tueur d'abeille", le frelon Vespa velutina, espèce asiatique, s'attaque aux abeilles domestiques européennes et américaines. Les butineuses chargées de collecter et ramener le pollen dans la ruche sont attaquées par ce frelon.
Vespa velutina a été introduit dans les élevages européens via des poteries venant de Chine. Il n'existe aucun prédateur de ce frelon en Europe et aux Etats-Unis pour diminuer ce massacre. Les apidés d'Asie ont développé une technique pour faire fuir leur tortionnaire : elles l'encerclent à plusieurs, battent leurs ailes ce qui fait augmenter la température ambiante à 45°C. Un supplice pour Vespa velutina.
Implication de plusieurs facteurs
Toutes les études scientifiques menées depuis 2000 sur la cause de cette extinction d'abeilles domestiques concluent qu'il existe une synergie de facteurs. En d'autres termes, les abeilles ne peuvent disparaître en si grand nombre non pas à cause d'un facteur mais de plusieurs.
Les chercheurs soutiennent l'hypothèse que les apidés voient leur système immunitaire affaibli soit par des pesticides ou insecticides, des parasites, des champignons, etc. Diminuées, les abeilles sont alors plus vulnérables face à l'exposition d'un autre agent pathogène tel qu'un virus ou un parasite.
A l'heure actuelle, il est difficile de trouver un moyen de mettre un terme à cette "purge". Certains scientifiques n'hésitent pas à mettre en cause les méthodes d'élevage des apiculteurs comme source d'affaiblissement de leurs défenses : manque de brassage génétique, diminution de la variété génétique...
L'humanité en danger ?
Les abeilles sont les principaux pollinisateurs. © Odette LEFEBVRE (galerie photos de L'Internaute) |
Les abeilles jouent un rôle crucial dans la chaîne alimentaire terrestre. Ces butineuses assurent à 80% la pollinisation des végétaux sur Terre : arbres fruitiers, fleurs, légumes, etc. Sans eux, on assiste à une baisse de la reproduction végétale donc de la production. Cela se répercute automatiquement sur les animaux et in fine sur l'homme.
Cette vision apocalyptique est loin d'être surréaliste ; en est pour preuve, l'exemple américain. Les apiculteurs sont obligés de louer des abeilles australiennes pour suppléer aux leurs disparues afin d'assurer la pollinisation de leurs pommiers et de leurs amandiers. Cette disparition apicole a évidemment une répercussion économique : 15 milliards de dollars de perte.
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