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pour les passionnés de photographie, un article tiré du quotidien national La Tribune
pour les passionnés de photographie, un article tiré du quotidien national La Tribune
L’exposition photographique «Pas loin de chez toi, autour de chez moi» à l’espace Noun
La platitude du quotidien vue par l’objectif de Reda Zazoun
24-06-2008
Par Fella Bouredji
Il a voulu immortaliser les images plates de notre quotidien. Dans les rues d’Alger beaucoup d’instants furtifs, volés à la banalité des journées qui filent et se ressemblent, sont passés sous l’œil et l’objectif de Reda Samy Zazoun. 33 photos, prises sur le vif, pour offrir une vue imprenable sur la platitude confuse du quotidien algérois. Une personne qui attend un coup de fil, une femme qui fume, un balai dans un balcon, l’équipe de nettoyage de NetCom en plein travail, l’insalubrité de nos rues, un enfant qui vend de la salade au bord de la route, l’expression saisissante du visage d’une femme voilée par sa longue chevelure, nos murs entachés, un père traînant une poussette, des taxis en attente sont autant de scènes qui ont accroché le regard de Reda Samy Zazoun. L’espace Noun d’Alger-centre accueille, depuis le 18 juin dernier, l’exposition de ces photographies, sous le titre évocateur de «Pas loin de chez toi, autour de chez moi».
Reda Samy Zazoun a ainsi mis de côté, le temps de quelques clics, ses compétences de géologue pour vivre intensément sa passion de photographe. Et, faut-il le souligner, il ne s’agit pas d’un photographe qui en est à ses débuts. Retour sur le parcours d’un homme à double casquette ! C’est adolescent que Reda Samy a découvert son attrait pour la photographie, notamment à travers les œuvres de Diane Arbus et de Donald McCullin qu’il admirait. Animé par une forte envie d’en faire autant, il réussit à se procurer un agrandisseur de fabrication soviétique, un appareil photographique «instamatic» et un vieux Kodak à cassette 126 qui lui
permettent de s’initier aux techniques de développement et du tirage. Après quoi, il découvrira la manipulation d’un boîtier 24x23 à visées réflexes, des couleurs et optiques interchangeables qui lui sont inspirées du grand photographe coloriste américain Pete Turner. Les travaux de quelques photographes algériens ont
également eu sur lui une certaine influence, dont Abdelkrim Amirouche et Nasser Medjkane. [/size][size=12]Il introduira aussi son expérience photographique dans la presse écrite en y animant une rubrique spécialement dédiée à la photographie. Et pour joindre l’utile à l’agréable, il profitera de ses voyages professionnels de géologue pour réaliser des reportages animaliers, à titre d’exemple : le singe magot du Djurdjura. Il est l’auteur d’un ouvrage collectif consacré à l’environnement ainsi que d’autres publications scientifiques consacrées à la géologie. Employé actuellement dans une entreprise pétrolière, il trouve le moyen de ne pas délaisser la pratique photographique. Et le cinéma, car Reda est aussi un cinéphile averti qui vous décortique un film avec l’œil aiguisé du photographe et l’esprit d’analyse du scientifique se basant sur des références cinématographiques.
A travers cette exposition, ce n’est pas un moment d’évasion que nous propose Reda Samy mais bel et bien une immersion vertigineuse dans la réalité dans ce qu’elle a de plus plat. Ses images heurtent par leur banalité mais c’est aussi à travers elle qu’elles peuvent aussi saisir. L’exposition «Pas loin de chez toi, autour de chez moi» se poursuivra jusqu’à la fin du mois en cours.
F. B.